dimanche, février 26, 2006

BAMAKO

17/01/06 – 25/01/06


18/01 : Aéroport de BAMAKO - SENOU

Lucie et moi avons quitté Paris hier à 19h55. La France, pays de lumières : les villes, les routes, les villages, les voitures… Le voyage se passe bien. Manque de place et d’occupations, nombreuses turbulences mais bon… Six heures plus tard quelques taches de lumière apparaissent ça et là. Le noir partout autour. La lune est presque pleine. C’est beau ! Ca sent le calme. Puis d’autres taches de lumières, plus denses cette fois. Bamako !

Sortie de l’avion. 22° au sol. Une chape douce et prenant se pose sur nous. Des odeurs encore inconnues. Le début du voyage ! L’effervescence des gens. Les douanes, les porteurs, les taxis, les sacs de voyage énormes… et Marianne qui nous saute au cou avec son plus beau sourire. La joie immense des retrouvailles. Qu’elle est belle avec sa tenue malienne verte et violette. Elle n’a pas changé. Puis vient Adrian. Méconnaissable ! Les cheveux longs en catogan, une chemise ample et un grand sourire. Nous attendons ses parents, sa tante et ses deux cousines qui étaient dans le même avion que nous. Marianne ne nous l’avait pas dit. Nous faisons aussi la connaissance de Nafanga, frère aîné de Marianne.

Après avoir déposé les parents de Adey dans un superbe hôtel au fond d’un terrain un peu glauque, nous arrivons dans le quartier Mali de Bamako. Les rues sont désertes. Un calme relatif règne encore à cette heure tardive. Lucie, Marianne et moi sommes dans la grosse voiture de Marianne (et ça papote, et ça papote…). Nous arrivons enfin à côté d’un autre terrain vague. Là, la maison des parents de Marianne s’offre à nous (repeinte récemment en jaune et orange). 1er étage : peu meublé, les murs repeints en blanc un peu cassé, un carrelage qui semble avoir déjà vu de nombreux pieds. La maison a son histoire.

Après une visite sommaire des lieux, nous allons nous coucher. Un premier réveil se fait entendre à 4h du matin : l’appel de la mosquée ! Nous sommes en Afrique ! Après quoi, la nuit fût courte.

Réveil pour la Savarine (traitement anti-palu). Et là tout s’enchaîne : Bamako, ville rouge et verte, en travaux perpétuels où tout le monde bidouille. Rouge, la terre ; verts, les arbres, nombreux en ville ; des maisons jamais finies, des camions et motos laissés là en attente de quelque pièce de moteur ou d’une roue ; les maliens qui marchent, trafiquent, bricolent ; des enfants qui n’attendent que d’être pris en photo et leur éternel refrain « toubabou, toubabou, toubabou… ». Le sourire des enfants…

Nous visitons un peu la ville, voyons passer le président en voiture, profitons de la présence de chanteuses. Nous parlons anglais, espagnol, français (Marianne pousserai le vice à nous parler Bambara s’en même s’en rendre compte :p). Il fait chaud. Les odeurs nous submergent. Les bonnes et les moins bonnes : les fleurs, les fruits, les quartiers plus pauvres… La vie ! Les mains rouges de poussière. Les arbres rouges aussi.

Et ce soir partage d’une bière entre européens et locaux (discutions autour de Bamako et du pays Dogon, des activités de chacun…). Un moment bien agréable.


20/01 : Mariage civil du 19/01

La journée d’hier a été exceptionnelle. Après avoir attendu longtemps que chacun soit prêt à partir, nous sommes tous allés faire faire des vises pour les anglais. Puis nous prenons la direction du marché artisanal. Là, on y trouve du monde partout, des échoppes remplies de bois sculptés, de bijoux, de peaux tanées, de sandales, d’instruments de musique… Chacun s’occupe à fabriquer ce qu’il vend et à vendre ce qu’il fabrique.

Les odeurs se mélangent. La terre est rouge, submergée de déchets divers (sacs plastiques, épluchures, morceaux de bois…). Nafanga et Ernest (l’autre frère de Marianne) marchandent pour nous. Les prix des colliers passent de 30 000 francs CFA à 6 000 francs CFA les trois, les instruments de 25 000 à 8 000 francs CFA… C’est amusant de les voir faire. Nous nous essayerons un peu plus tard à cet art.

Après un petit tour, retour à la maison où un couscous nous attend. Marianne n’est pas avec nous. Elle se prépare pour la cérémonie de mariage civile. A 16h, nous partons pour la mairie. Petite cérémonie dans une petite salle avec les amis et les proches. Les parents de Marianne ne sont pas là : ils gardent la maison pour accueillir les invités. Marianne a un tailleur blanc cassé. Elle est très belle. Adey a un pantalon noir et une chemise blanche. Il est très nerveux.

Vers 16h30, tout est fini. Ils ont dit oui. A 17h, toutes les femmes (européennes) vont au salon de coiffure se faire tatouer les mains au henné.

Les motifs exécutés sont superbes et varient d’une personne à l’autre. Trois heures plus tard, chacune d’entre nous admire le travail réalisé et compare avec ses propres mains.

Puis nous allons dîner chez la sœur de Marianne. Tout le monde est à la fête. Les plats (tous délicieux) s’enchaînent : légumes, moutons (2), pommes de terre, sauce oignon, poissons, poulets… Nous apprenons que les femmes de la maison cuisinent depuis 10h du matin.

Les discours ponctuent le dîner : Nafange, Ernest, les parents de Adey, Adey himself, nos hôtes… et enfin Adey reprend la parole. Il annonce la double fête du jour. Je me fais toute petite. L’assemblée se met à chanter « happy birthday ». Je me retrouve au milieu de la pièce, les larmes aux yeux, à faire à mon tour mes remerciements. La pièce est remplie d’une émotion palpable face à toute cette joie du jour. Tout le monde sourit et parle en même temps. Nous sommes sur un petit nuage…

21/01 : Des rajouts plein les têtes


Nous avons encore passé une journée exceptionnelle hier. Réveil à 9h, petit déjeuner, puis direction la ville. Il y avait Emma, Wil, Rocio et Jordie (plus Caro, Lucie et moi). Les taxis dans lesquels Marianne nous a fait monter nous dépose à proximité de la cathédrale. Direction le marché artisanal. Nous voulons tout voir et commençons par les tissus où nous passons un certain temps. Les couleurs des basins et des cotons sont superbes et me font rêver (une pensée pour les mariages de cet été).

Les discutions sont animés, les prix baissent un peu. Après quoi, Rocio souhaite acheter un pouf en cuir. Nous retrouvons les mêmes vendeurs que la veille et passons plus d’une demi heure à négocier les prix de deux poufs. C’est à la fois amusant et frustrant car nous ne connaissons pas la valeur « réelle » du travail et de l’objet convoité.

Nous rentrons à la maison vers 13h30. Rendez-vous chez le coiffeur pour les filles vers 14h30. Les cousines de Adey se font coiffer en premier. Pour chacune d’entre nous, il y a 3 à 4 coiffeuses qui s’activent autour de nous. Compréhension de l’implantation, texture du cheveux… et surtout, que faire après ???

Chaque coiffure se fait en ½ heure ¾ d’heure. Nous attendons notre tour en admirant le travail réalisé sur les autres. Emma et Rocio nous cèdent leur tour (fatiguée par l’attente). A ce moment là, les coiffeuses font une pause déjeuner. Un ami vient de leur apporter une énorme bassine plein de riz dans laquelle se trouve un autre pot rempli de viande et de sauce. Le tout est disposé et porté dans un grand torchon. On nous invite à partager le repas. Lucie, Briani et moi prenons place. Après avoir vu le plat, Briani refuse poliment l’invitation. Elle est végétarienne (allez faire comprendre ce concepts à un peuple de carnivores). Lucie et moi mangeons (tant bien que mal) avec une main (la droite). C’est bon tout ça J

Vers 18h, Lucie et moi sortons du salon de coiffure avec une « choucroute » énorme plantée sur le haut du crâne (voir photos). Les rajouts de Lucie lui vont jusqu’à mi-dos et les miens sont un peu plus long (je n’ai jamais eu les cheveux aussi longs). Le tout est monté en tresses et en bouclettes. C’est très joli… mais ça tire et les 50 barrettes délicatement posées font un concours de celle qui transpercera le crâne avant les autres. Quel bonheur pour se poser sur un lit :p

Le soir, nous assistons à un anniversaire. Près de 500 jeunes sont rassemblés dans le rue autour de chanteurs/danseurs. Chacun est libre d’évoluer sur la piste. Les cousines de Adey sont prises à partie. C’est fascinant. Nous autre sommes juchés sur le toit du minibus avec les enfants Démbélé (Mimi et Kolotoum). Nous avons d’ici une vue imprenable. Un petit griot (9 ou 10 ans), super loquace, vante les mérites d’une jeune fille. Quel enthousiasme ! Magnifique ! Il n’en fini pas de parler, plus ou moins fort. Tout est très nuancé. Les jeunes rient autour. Voilà 4 jours que je n’arrête pas de sourire…


21/01 : Mariage religieux

Samedi : mariage de Marianne et Adey à l’église. Cérémonie en plein air. Environ 500 personnes sont rassemblées sous le soleil. Une foule pleine de couleurs, de turbans, de boubous… Le décor est simple mais joli. Le cardinal est présent lui aussi.

La messe dure deux heures. Les textes choisis sont beaux. Les mariés sont heureux, souriants, émus, épanouis. C’est beau à voir ! La famille de Adey est tout aussi souriante.

Puis vient le temps des embrassades et des photos. Au bout d’un certain temps, Marianne fait un malaise qui sonne le retour à la maison. Rien de grave mais un bon coup de fatigue.

Quand à moi, je ne me sens pas vraiment bien et passe la soirée au lit après avoir fait un effort pour rejoindre toute la troupe à l’hôtel ou le dîné se passe. Mimi, la fille de Cécile, me tient gentiment compagnie en me lisant « Rémi sans famille ». Elle est adorable.


22/01 : Cérémonie traditionnelle… vue d’en haut.

Catastrophe ! Je passe la journée alitée. Le mariage traditionnel se passe sans moi (je compte sur Lucie pour le détail de toute cette partie du voyage). J’observe tout cela du coin de l’œil, à l’étage, d’où je prends quelques photos. Tout à l’air si émouvant. Une griote d’un certain âge clame les louanges de la mariée et de sa famille. Les femmes sont belles, toutes en couleurs.


23/01 : l’APAF (Association pour l’Aide aux Familles). Madame Urbain DEMEBELE, une grande dame !!!

Journée riche en émotions. Dans la matinée, Naf nous amène visiter l’ONG de la Maman de Marianne. Cette femme et son équipe luttent sans cesse depuis 1991 contre l’excision, pour le droit à l’accès à l’école, pour aider les jeunes filles qui arrivent de leur village et qui veulent travailler à Bamako. Les luttes sont multiples et les plaies profondes. Les jeunes filles sont complètement ignorantes, n’ont aucune instruction, sont exploitées et bien souvent violées.

Après la présentation de l’APAF et de ses membres vient le temps des questions. Combien de femmes et d’enfants viennent ici ? Comment ? Guidés par qui ? Qui les aide en dehors ? Combien coûte un an de scolarité pour un jeune ? Qui sont les mécènes ? Le rôle de l’Etat ? La reprise des projets à un niveau national ?… (Les tableaux en photo témoignent de l’activité et des réussites de l’association).

Puis vient le temps des "exemples".

Un jeune de 21 ans, battu par son père, rejeté par sa famille, nourri de restes. Il a l’air abattu et nous raconte qu’il a dû emprunter l’équivalent de 37€50 à Mme DEMBELE pour une année d’études. Il croit en l’APAF.

Une femme de 50 ans, ridés, cachectique, l’air triste, mère de famille, rejetée par son mari. Elle cherche un emploi mais ne peut travailler en cuisine car elle doit s’occuper de ses enfants.

Une fille mère de 17 ans, un petit garçon de deux mois pendu à son sein décharné. Violée par son employeur, elle ne peut retourner au village où elle serait reniée par sa famille. Le petit est très calme. Pourtant, on sent la détresse dans la pièce. Deux solutions s’offrent à elle : le trottoir ou l’APAF.

Epuisée, je rentre me coucher, laissant Lucie, Caro et Emma continuer la visite de deux autres centres. Lucie me racontera plus tard combien les témoignages étaient durs.

Je passe mon après-midi au lit. Impossible de manger. Les odeurs sont insoutenables. Si j’approche un plat, j’ai des hauts le cœur. Médecins et médicaments, rien n’y fait…


24/01 : Une dure décision…

Il faut se rendre à l’évidence, je ne peux pas rester à Bamako. Marianne m’accompagne à l’agence de voyage. Le changement de billet se fait. 5 heures plus tard, je serai à l’aéroport avec Lucie…

Il me reste le temps de faire 3 courses rapidement : des cadeaux pour ma famille et quelques photos.

Fin du voyage. Je reviendrai. J’ai encore des choses à faire là bas, des gens à voir… Je veux retrouver la couleur de la terre, le sourire des enfants, le vent chaud de la nuit…

Il y aurait encore 1000 anecdotes à raconter sur le pays, les gens, les coutumes…

Je pourrai parler des réclames sur les murs (jus de fruits, bouillon Maggi…), des inscriptions écrites tant bien que mal : « défense d’uriner : 3 000 francs CFA » ou un peu plus loin : « défense diruner : 7 000 francs CFA).

Le bruit est une constante à Bamako, jour et nuit, les activités de chacun, les voitures, les motos… C’est impressionnant.

Le parfum des femmes qu’elles concoctent elles-mêmes et font brûler dans un encensoir. Puis elles posent directement leurs vêtements sur le pot fermé. La fumée parfume fortement les habits. Ainsi les hommes dans la rue s’extasient et peuvent dire « ça sent la femme ».

J’aurai aussi souhaité vous parler de Marianne et de ce qu’elle m’a raconté sur l’école où elle a passé son Bac, sur ce qu’elle vit dans son travail… Je vous laisse la contempler en photo, au bras de son mari Adrian. C’est le plus beau témoignage d’eux !

2 Comments:

At 3:09 PM, Anonymous Anonyme said...

Comme tu dis, il y a vraiment des pays qui valent le coup...Bien sur que tu y retourneras,on te connait suffisamment bien pour le savoir...Les couleurs,les visages,les odeurs et les experiences, bonnes, mauvaises, passées ou à venir,comme autant de cordes en plus à ton arc.

 
At 12:28 PM, Anonymous Anonyme said...

merci pour cette promenade colorée au MALI, tout cela donne vraiment envie d'y aller, surtout pour voir Marianne qui est formidable; une illustre inconnue jocelyne

 

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